Il y a quelques semaines, on a décidé de racheter une quantité importante de toile de jean qui dormait chez un fabricant français pour lancer une production début 2021. Conscients de la pollution qui se cache derrière le classique de notre garde-robe, on a voulu comparer l’impact environnemental de notre jean à celui d’un jean conventionnel.
La culture du coton
Le denim est essentiellement composé de coton. Dès le début, cela pose un problème. En effet, bien qu’il s’agisse d’un textile d’origine naturelle, la production de coton est très polluante. Les cultures sont principalement implantées en Inde. Elles ont transformé les espaces naturels et les habitations, aujourd’hui recouvertes de cette monoculture.
De plus, le coton est rongé par les insectes : de grosses quantités de pesticides sont utilisées, comme le diéthon, qui est cancérigène. On estime que 24 % des pesticides pulvérisés au niveau mondial le sont pour la culture du coton, alors que cette fleur ne représente que 2 % des surfaces cultivées. Un kilogramme de coton contient la trace de 70 pesticides et a reçu l’équivalent de 2 kilogrammes d’engrais.
Ensuite, le coton demande une quantité importante d’eau : pas loin de 5 263 litres par kilo produit. Sa culture assèche les étendues d’eau du monde. La mer d’Aral, située en Asie occidentale et grande comme deux fois la Belgique, en est un triste exemple puisqu’elle a disparu du fait de l’irrigation des champs de coton ouzbeks.
Et les jeans Ecclo ?
Le coton de nos jeans est biologique et provient de Tanzanie. De sa semence à sa récolte, le coton est cultivé sans pesticides, insecticides ou engrais chimiques, et sans OGM. Les bénéfices sont nombreux, comme la préservation des sols, des écosystèmes environnants et la protection de la santé des Hommes qui travaillent sur la chaîne de production. Le coton biologique permet également d’économiser de l’eau par rapport au coton conventionnel, lorsqu’il est produit dans une région propice à sa culture. C’est le cas de la Tanzanie qui bénéficie d’un climat tropical.
La production du tissu
Filature et tissage
Après avoir été cultivé, le coton est envoyé dans des usines de filature, très souvent asiatiques. On est loin du denim historiquement fabriqué à Nîmes…
D’abord, il faut nettoyer les fibres en profondeur, pour éliminer les résidus d’engrais. Cette étape consomme une importante quantité d’eau qui, dans certains cas, est rejetée dans la nature sans avoir été traitée.
Ensuite, lors du tissage, les fils sont soumis à de très fortes contraintes mécaniques. Pour les protéger et les lubrifier, des agents d’encollage enrobent les fils de chaîne avant le passage sur les métiers à tisser. Ce sont des agents d’origine naturelle (amidons, celluloses, protéines…) et des substances synthétiques (polyester, polyacrylate…) qui sont éliminés des étoffes lors du désencollage.
Et les jeans Ecclo ?
Ils ont été filés et tissés dans les Vosges, dans l’usine où nous avons racheté les 38 rouleaux inexploités. Aucun produit toxique dangereux n’a été utilisé pour leur fabrication.
L’entreprise détient 2 labels pour leur toile de jeans :
- Vosges Terre Textile qui certifie la qualité, la traçabilité, l’authenticité, la créativité et l’innocuité des produits fabriqués.
- GOTS (Global Organic Textile Standard), qui est la référence mondiale en termes d’évaluation des fibres biologiques.
Teinture
Le tissu jean est très souvent traité. La teinture indigo est synthétisée en Allemagne et réalisée dans les pays d’Asie du Sud-Est. Les teintures sont généralement relâchées dans les cours d’eau, sans traitement préalable. On estime que 20 % de la pollution marine pourraient s’expliquer par la teinture (Ademe). La toile est parfois vieillie en Tunisie (chlore), délavée par sablage ou pierres ponces en Turquie.
Et la teinture de nos jeans ?
- La teinture a été faite dans une usine spécialisée située dans le Nord. Les pratiques sont ici bien différentes de celles des pays émergents. Les règlements européens obligent les usines à s’équiper de systèmes d’épuration de l’eau et limitent l’emploi de produits chimiques nocifs pour l’environnement et la santé. La teinture des toiles de jeans que nous avons rachetées est certifiée Oeko-Tex (exempt de traces de produits chimiques dangereux pour la santé) et ECOGRIFFE (atteste de la qualité élevée des tissus et l’absence de danger des produits).
- Pas de traitement au chlore, ni de délavage. La toile des jeans est brute.
Les accessoires
Rivets en zinc faits en Australie, fermeture Eclair du Japon… Le monde entier est impliqué dans la production et la fabrication du jean, chaque continent a sa spécialité…
Et pour les jeans Ecclo ?
Les accessoires seront fabriqués au plus près : les rivets et les boutons seront de fabrication italienne et ne contiendront pas de nickel (de nombreuses personnes en sont allergiques). Les fermetures Éclair YKK seront de grande qualité et fabriquées en Turquie, les étiquettes françaises sans matière animale.
Pour résumer
Le jean conventionnel a été conçu aux quatre coins du monde, et le monde entier en achète. 73 jeans sont vendus par seconde, soit 2,3 milliards d’unités vendues dans le monde par an. Un tiers de la planète achète au moins un jean par an, tout cela dans un sacré nuage de pollution.
Et Ecclo ?
Nos jeans auront parcouru moins de 11 000 km :
- Le tissu que nous avons racheté dans les Vosges va voyager moins de 80 km pour rejoindre notre atelier de confection partenaire situé à Épinal.
- Les jeans confectionnés seront acheminés 350 km plus loin, dans nos locaux essonniens pour ensuite être envoyés à votre domicile.
- Le plus long trajet a été effectué par le coton, il y a deux ans et en provenance de Tanzanie (soit 9000 km). Celui-ci a été transformé (filature, teinture, tissage) en France dans un rayon de 950 km.
Finalement, un jean, la star du dressing, est plus polluant que ce que l’on pourrait penser : acidification des sols par les pesticides et la surproduction, pollution marine par les lavages et la teinture, occupation des territoires agricoles, consommation d’eau, etc.
Chez Ecclo, on a essayé de créer des jeans qui ont une faible empreinte sur la planète. On est parti de l’existant, en rachetant 1 908 mètres de tissu jean biologique, filé, teint et tissé en France, afin de valoriser une matière de qualité et le savoir-faire local. Nos modèles répondent au mieux aux attentes des consommateurs, grâce au questionnaire que nous avons mis en place en novembre 2020 et qui a reçu plus de 800 réponses. Le nombre de kilomètres parcourus par nos prochains jeans est 6 fois moins important que pour un jean conventionnel, car exceptée la provenance du coton (Tanzanie) et de certains accessoires de mercerie (Italie, Turquie), la majorité des étapes de fabrication du jean est réalisée dans un périmètre très restreint (entre les Vosges et le Nord).
Combien de jeans Ecclo seront produits en 2021 ?
Le nombre d’exemplaires que nous proposerons ne dépassera pas les 1 000, pour les 4 modèles de jeans réunis, car c’est le maximum que nous pouvons fabriquer à partir de ce denim revalorisé. Pour vous donner une idée, le géant suédois de la fast fashion vend l’équivalent de notre production annuelle toutes les… 7 minutes.
PS : si vous voulez prendre soin de votre jean, on vous conseille notre article sur le lavage.
EDIT (13 mars 2021) : notre gamme de jean est disponible sur notre site !
Nos sources
« L’impact environnemental d’un jean » de Comprendre pour changer
« Le denim : quel est l’impact social & environnemental de nos jeans ? » The Good Goods
« Quel est le véritable impact écologique d’un Jeans ? » Mars-ELLE
« Le revers de mon look » ADEME
3 réponses sur “Valoriser l’existant pour fabriquer un jean, la planète y gagne quoi ?”