Il y a une semaine on pensait qu’il fallait laisser notre boutique en ligne ouverte, puis mercredi on l’a fermé, et puis hier on s’est dit qu’on avait tout faux.

Cette période de confinement nous amène à réfléchir… beaucoup… trop ?

Votre avis nous intéresse. N’hésitez pas à participer à la réflexion à la suite de cet article.

C’est parti.

NOUS POUVONS DÉCIDER OU NON DE POURSUIVRE LES EXPÉDITIONS

La raison est simple : nous avons accès à notre stock.

Depuis la création d’Ecclo, les commandes sont préparées en interne, d’où les petits mots personnalisés glissés à l’intérieur de chaque enveloppe. La livraison, quant-à-elle, est effectuée par la poste.

A ce stade du projet, c’est plutôt normal que nous fonctionnions ainsi, c’est la solution la plus simple étant donné le peu de vêtements produits : à peu près 2200 vêtements en 2 ans, ce que produit H&M en à peu près 37 secondes…

LES GENS ONT-ILS VRAIMENT ENVIE (ET/OU BESOIN) DE VÊTEMENTS EN CE MOMENT ?

On s’est dit que non, vraisemblablement. La priorité actuelle est bien évidement la santé, et si des achats doivent être effectués, c’est bel et bien pour s’alimenter.

Et puis, on s’est dit que oui. Avec le confinement, les achats, les acheteurs deviennent compulsifs, passent leur temps sur la toile, dévalisent les boutiques, font la queue comme en quarante, alors qu’il n’y a ni rationnement, ni pénurie. Mais la nature humaine est faite ainsi (enfin, pas pour tout le monde).

Mais au fait, le gouvernement n’a t-il pas stipulé que les activités non essentielles devaient s’arrêter ?

Et bien si, cela n’a échappé à personne.

Alors bizarrement on s’est senti un peu hors-la-loi en laissant notre e-shop ouvert. On s’est dit qu’on ne participait pas trop à l’effort national, et qu’on profitait peut-être au passage d’une situation concurrentielle plus que favorable. Pourquoi ? Parce-que beaucoup de boutiques en ligne n’ont pas accès à leur stock et que toutes les « vraies » boutiques, elles, ont été obligées de tirer le rideau.

Tout ça laisse un goût amer dans la bouche quand même. Peut-on vraiment « profiter » de la situation quand la situation est pandémique ?

Et doit-on régler notre conduite sur la demande des clients ? Un petit tour au pays du marketing de l’angoisse ? Ce que font les gouvernements depuis 40 ans de crise ?

TOUS DANS LE MÊME BATEAU

Chez Ecclo, le confinement, on l’a pas mal expérimenté durant nos deux premières années. On a un peu l’impression de revenir en arrière en restant à la maison, mais cette fois-ci c’est différent, puisqu’une grande partie de l’humanité se retrouve dans la même situation. On se sent donc un peu moins seuls.

Personne ne sait combien de temps va durer la crise. Avec le recul de ces premiers jours de confinement, on a envie de croire en l’après-COVID. Dès aujourd’hui, nous devons commencer à dessiner les contours d’un nouveau monde, plus juste et plus résilient.

LES VÊTEMENTS ATTENDRONT DONC

  • Parce que la poste a beaucoup plus urgent à livrer en ce moment.
  • Parce que, même si il y a peu de chances, le virus peut être transmis durant une expédition.
  • Parce que cette situation doit nous permettre de nous recentrer sur nous en tant qu’individus, mais aussi en tant que collectif. La solidarité, qui n’a pas tardé à se mettre en place ces premiers jours, en premier lieu envers le corps médical, montre bien que nous pouvons, même si nous n’en n’avions pas l’habitude, mettre en œuvre rapidement des mécanismes de soutien et d’entraide.
  • Parce que durant plusieurs semaines nous devons écrire la suite de l’histoire ensemble. Cette histoire nous parle d’un monde renfermé sur lui-même, où de nombreuses personnes vivent isolées dans leur travail, leurs activités et leurs foyers, sans se soucier de leur voisin(e) de pallier. Le confinement peut paraître anodin pour certains, tant la société nous pousse depuis de nombreuses années, à vivre chacun de notre côté. Pourtant, le manque commence à se faire sentir. Pendant que nous appuyons sur pause, la nature elle, en profite pour reprendre ses droits. Grâce au confinement des êtres humains et à la diminution du Co2, du dioxyde d’azote et des particules fines, la faune et la flore retrouvent leurs libertés. Les images qui nous parviennent d’eaux devenues soudainement plus claires et d’animaux sauvages profitant de lieux désertés par l’Homme, doit nous donner envie de ressortir de chez nous avec d’autres aspirations, aux antipodes de la surconsommation.
  • Parce que depuis plusieurs années, alors qu’elles naviguent en équipes réduites, les marques de vêtements les plus vertueuses, consacrent une partie non négligeable de leur temps, à informer sur les ravages de l’industrie textile. En tant que marque engagée, notre devoir en ces temps, est de faire perdurer le mouvement, plutôt que d’inciter à faire consommer les gens. Si nous saisissons la perche que l’on nous tend, alors tout le monde achètera beaucoup moins de vêtements. Est-ce que cela doit inquiéter une marque comme la nôtre ? Non, bien au contraire. Car chaque marque responsable prône à travers sa démarche le « consommer moins mais mieux ». N’ayons donc pas peur de cette pause, nous qui incitons nos consommaCteurs, followers et autres détracteurs à réduire leur empreinte environnementale. Le jour où nous aurons besoin d’un nouvel habit, nous nous souviendrons de cette marque là et de cette marque ci.
NOTRE OPTIMISME NOUS FAIT-IL PERDRE LA TÊTE ?

Comme tout le monde, nous ne pouvons pas faire totalement abstraction de la situation. Oui, il y a des chances qu’Ecclo et d’autres disparaissent dans les prochains mois. Mais ce ne sera pas à cause de ces semaines de pause, que chacun pourrait traverser sans trop de difficulté, si notre modèle de société nous permettait réellement d’épargner et de nous mettre à l’abri de tous les dangers.

Si nous devions définitivement fermer, c’est que le confinement n’aurait pas eu l’effet escompté. Cela voudrait dire que les plus riches auraient tiré leur épingle du jeu et que la plupart d’entre nous, nous retrouverions davantage pieds et poings liés à un État et à des entreprises des plus déséquilibrées.

Dans ce cas de figure, il serait quasiment impossible d’exister. Pas seulement en tant que marque éco-responsable, mais en tant que projet alternatif, tout simplement.

QUELLE EST LA SITUATION AUJOURD’HUI CHEZ ECCLO ?

Nous ne pensons pas que le soutien passe par l’achat de vêtements. Évidemment nous avons tous besoin des uns et des autres en ce moment, mais n’oublions pas, même si notre démarche est des plus environnementales et des plus sincères, que nous restons une marque de vêtements. Nous ne sommes ni infirmiers, ni ambulanciers, ni gendarmes, ni caissiers de supermarchés, ni membres d’une ONG. Demander de nous soutenir dans une période comme celle-ci nous paraît, selon-nous, déplacé.

Aujourd’hui, on est confiné, comme la plupart d’entre vous qui nous lisez. On télé-travaille, on met à jour notre site internet, on refait le planning des prochains mois, on réfléchit à de nouveaux modèles, on suit l’actualité de très près.

Aucun vêtement n’est en cours de fabrication actuellement. En fait, nous ne devions pas tarder à reprendre les routes à la recherche de tissus inexploités. Ça attendra donc.

Les tournages de nos deux premiers clips sont reportés. On commence vraiment à se faire désirer !

Notre boutique en ligne reste ouverte. Si vous passez commande, on ne vous tiendra pas rigueur d’avoir anticipé des jours meilleurs. Il faudra juste faire preuve de patience car :

Nous attendons (juste) notre sortie collective du confinement pour vous expédier vos vêtements.

L’avenir d’Ecclo s’écrit avec vous. Ça peut paraître flou comme ça, mais dans peu de temps, nous l’espérons, vous comprendrez que ces paroles ne sont pas des paroles en l’air.

A très vite, chère communauté:)

On vous laisse avec une nouvelle, qui, on l’espère, augmentera de quelques pourcents, votre capital gaieté :

BIENTÔT VOUS ALLEZ POUVOIR VOUS HABILLER EN LIN 100% FRANÇAIS !

Ce n’était pas déjà le cas déjà nous direz-vous ?

En fait oui et non.

Oui car la France est le premier producteur de lin au niveau européen, et donc beaucoup de vêtements en lin sont faits de lin français.

Non car les étapes d’après récolte ne sont pas forcément faites en France. C’est le cas de la filature qui est la seule étape qui manquait sur notre territoire pour recréer une filière complète du lin textile en France.

A partir de cette année donc, 150 tonnes de fil de lin vont pouvoir être produits chez nous. Jusqu’à présent, la filature, étape qui suit le teillage, était confiée à la Chine (90% du lin filé en provient) ou à la Pologne, suite aux fermetures progressives de toutes les filatures sur notre sol. En 1976, il y avait encore une cinquantaine de filateurs de lin en France. Depuis 15 ans le territoire en était totalement dépourvu.

La relocalisation de la production est avant tout écologique car le lin est beaucoup moins gourmand que le coton par exemple. Avec lui, nul besoin d’irrigation et de chimie. Il se plaît parfaitement dans les terroirs qui bordent la Manche, la mer du Nord, la Baltique où les périodes de précipitations et d’ensoleillement se succèdent à merveille.

Grâce à l’initiative de Pierre Schmitt, président de Velcorex, plus besoin donc de faire parcourir des milliers de kilomètres à la fibre pour la faire filer. Du champs jusqu’au t-shirt,tout pourra être fait en France désormais !

en savoir plus ici :

https://www.alternatives-economiques.fr/lin-renoue-une-filiere-100-tricolore/00092090

1 réponse sur “FAUT-IL CONTINUER DE VENDRE DES VÊTEMENTS – MÊME ÉCO-RESPONSABLES – EN TEMPS DE CRISE ?

  1. Un bel article qui joue à l’ascenseur émotionnel, il faut l’avouer !
    Votre position est claire et compréhensible, merci de nous avoir adressé cette comm’.
    Les mots employés peuvent avoir l’air durs, à base de « si ça coule, c’est que le monde était pas prêt », mais j’y vois aussi beaucoup d’espoir dans « l’après ». Félicitations encore à vous pour ce que vous avez accompli et produit, et pour cette philosophie bien éloignée de la « start-up nation », finalement.

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